mardi 10 janvier 2012

      Parallèle établi par Werber entre deux espèces animales: la fourmi et l'humain

   « Elles : les fourmis naines de Shi-gae-pou…
Elles sont donc déjà réveillées, elles aussi. Elles ont dû tendre une embuscade et utiliser une nouvelle arme foudroyante.
Il n’y a pas une seconde à perdre, il faut alerter toute la Fédération.

« C’est un rayon laser de très forte amplitude qui les a tous tués, chef.
— Un rayon laser ?
— Oui, une nouvelle arme capable de faire fondre à distance les plus gros de nos vaisseaux. Chef…
— Vous pensez que ce sont…
— Oui, chef seuls les Vénusiens ont pu faire ce coup-là. C’est signé. »

      Lors de ce passage, le protagoniste fourmi (327ème) vient de se rendre compte que sa troupe, qui devait récolter de la nourriture pour la fourmilière, vient d’être assassinée. Elles ont été tuées par une "arme foudroyante". Il mène son enquête et arrive a déceler une odeur de roche… Ce sont « Elles : les fourmis naines de Shi-gae-pou… ». Il décide alors d’alerter ses consoeurs de la « Fédération », c'est-à-dire la fourmilière dans laquelle il vit ainsi que les cités qui leur sont alliées. Puis, en un éclair, la narration passe à Nicolas (fils du héros humain, Jonathan), sans que la personne qui lit s’en rende compte pour autant. L'auteur ne fait que changer de  paragraphe, ce qui donne lieu à un quiproquo pour le lecteur. En effet, nous pensons que le     « laser » évoqué est l’arme qui a été utilisée pour tuer les fourmis. Il s’agit en fait d’un objet qui apparaît à la télévision, à laquelle Nicolas est rivé, où se déroule une fiction sur des extraterrestres. Nous ne comprenons réellement le changement d’interlocuteurs et de situations qu’au mot « vaisseaux » ou même qu’à « Vénusiens ». Il y a là une volonté claire d’introduire la confusion dans l’esprit du lecteur. 
     Dans tout le roman, Bernard Werber mène une double narration entre les deux civilisations. Cependant, il n’y a aucun lien, aucune annonce qui nous indique que nous sommes passés des fourmis aux humains. C’est comme si les deux civilisations étaient les mêmes et nous pourrions comprendre que l’auteur cherche à nous faire voir une certaine signification dans ce jeu littéraire.

     En littérature, rien n’est gratuit. C’est pour cette raison, que cet effet de confusion est intéressant et recèle de questions. Pourquoi Werber cherche-t-il à perdre le lecteur ? Quel lien faut-il faire entre les fourmis et l’Homme ?
      Si l’auteur des Fourmis  réussit avec autant de brio à nous emmener dans cet état de confusion, c’est qu’il réussit à estomper les différences entre les fourmis et les hommes pour n’en faire qu’un ensemble. De plus, l'auteur répète cela plusieurs fois dans l'oeuvre, tel que dans le début de l'oeuvre: 


"Elles composent un toit sombre où la lumière ne pénètre plus. Cette masse végétale parsemée de présences animales semble vouloir les happer.


  Comment les avertir de ne pas y aller?
Il posa sa veste et embrassa sa famille."  


      Ici, l'auteur cherche aussi à égarer le lecteur, en passant encore une fois des fourmis aux humains en ne sautant qu'un paragraphe. Le but est le même qu'avec l'autre extrait, que nous allons maintenant expliquer.
      Il nous trompe et c’est à nous de nous en rendre compte, d’être attentifs. Il fait cela dans un but qui peut être de nous montrer que toutes les créatures issues de la nature se ressemblent, sont similaires, liées : chaque espèce animale (et ne nous mentons pas, l’homme en est une) à ses ennemis, ses fléaux, en somme ses peurs. Chaque espèce animale s’inscrit dans la biodiversité et ainsi dans la chaîne alimentaire. Par ce constat, Werber cherche sûrement à exprimer le fait, notamment en réaction à l’homme centré sur lui-même, que dans la nature tout à son importance, il n’y a pas de sous-espèce. Nous pouvons déduire par cela que même la plus petite forme de vie peut instruire la plus grande.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire