mardi 10 janvier 2012

 La fourmilière, une société caractérisée par son organisation

«  À
6 km de là :

BEL-O-KAN,

1 mètre de haut.
50 étages sous le sol.
50 étages au-dessus du sol.
Plus grande ville de la région.
Population estimée : 18 millions d’habitants.

Production annuelle
                                 — 50 litres de miellat de puceron.
                                 — 10 litres de miellat de cochenille.
                                 — 4 kilos de champignons agaric.
                                 — Gravier expulsé : 1 tonne.
                                 — Kilomètres de couloirs praticables : 120.
                                 — Surface au sol : 2 m.  »

     L’extrait en présence se situe au début du roman et introduit l’intrigue sur les fourmis. C’est pourquoi son étude est d’une grande importance. Les indices sur les fourmis qu’il introduit sont capitaux.
     La forme du récit n’est pas littéraire, c’est un inventaire de population et de production, un bilan. L’ensemble est par conséquent sous forme de liste. Un élément surprend le lecteur : cet extrait donne l’impression de concerner une ville habitée d’humains (cette forme de bilan matériel étant d'ordinaire consacré aux Hommes) dont la production est humaine mais il s’agit en l’occurrence de simples fourmis. Simples ? C’est ce que pense le commun des mortels, qui considère toute autre forme de vie que la sienne désuète, en réalité,  il n’en est rien.
     Les mentions de la production nous montrent clairement que nous nous trouvons dans l’univers des fourmis. En effet, une production de « 50 litres de miellat de puceron » (chose que l’homme n’a pas pour habitude de consommer) paraîtrait ridicule pour une ville de « 18 millions d’habitants ». Cette ville, « BEL-O-KAN », avec sa population si grande serait, au vu de sa production qui apparaît comme brillante, une métropole d’ordre mondial. Ici, chez les fourmis, même si elle a une certaine importance, ce n’est pas vraiment le cas comme vous le montrera la lecture du tome 1 des Fourmis. Pour avoir une telle production, la fourmilière demande une organisation des plus strictes. A travers ce court extrait, nous pouvons voir que rien n’est laissé au hasard. La fourmilière a une partie en dehors de la terre et l’autre à l’intérieur, qui sont parfaitement symétriques, « 50 étages sous le sol./ 50 étages au-dessus du sol. » Tout est également facilité pour les déplacements des fourmis, notamment par les « 120 kilomètres de couloirs praticables » et aussi par les « 1 tonnes » de graviers expulsés, ce qui est énorme étant donné la très petite taille des fourmis. Enfin, nous pouvons voir qu’elles connaissent au moins quelques techniques d’élevages par leur production gigantesque (encore une fois au vu de leur taille) de « 50 litres de miellat de puceron » et de « 10 litres de miellat de cochenille », elles maîtrisent également l’agriculture comme cela se remarque par la production de « 4 kilos de champignons agaric ». Ces quantités énormes ne peuvent être obtenues, en considération de la taille de l’anatomie d’une fourmi en moyenne, que par une organisation solide, par le travail en commun.
     Après ce que nous venons de remarquer, comment pourrions-nous analyser cet extrait ? Dans un premier temps, il est clair que l’auteur a voulu faire par cette espèce d’inventaire d’une société fourmilière, un parallèle avec la société des hommes. Dans quel but ? Il fait peut-être cela pour montrer sa considération de la nature, des animaux, entités bien trop souvent reniées par l’homme et son ethnocentrisme, qui se croit supérieur en tout. De plus, nous comprenons cet extrait comme celui d’un exemple d’une société dont les engrenages fonctionnent bien, sont imbriqués correctement, tournent avec fluidité, avec comme résultat une cité remarquablement organisée et une production plus que satisfaisante. Le message final de cet extrait s’adresse donc aux hommes, caractérisés par les luttes fratricides : nous pourrions en déduire la maxime "l’union fait la force".

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